Zenigata

quand les bananes se plaignent de leur régime

À l'assaut de la forteresse

Ceci est une fiction basée sur des faits réels légèrement exagérés.

Journal de guerre de K. M. C., réserviste du 92e régiment

Jeudi 12 avril 2012

La convocation repose sur la table du salon. Le jour est enfin arrivé. Un mélange d’excitation et de crainte parcourt mon corps, un corps pourtant préparé physiquement à toute éventualité. La guerre est à nos portes. Je suis appelé à l’assaut de la forteresse, celle du mont Valérien que l’on surnomme Galérien. Un surnom bien justifié.

« Est-ce que vous êtes heureux ? »

Vendredi 13 avril 2012

Aucun retard n’est permis au camp. Nous préparons tout le nécessaire pour l’assaut, sous le commandement des trois généraux. Ces rebelles ne riront plus très longtemps. Je fais désormais partie de l’escouade Alpha, mes nouveaux frères d’armes, à la vie, à la mort. L’unité d’élite qui sera appuyée par les escouades Bravo et Charlie. Ce sera la victoire ou rien. Le Dictateur, ce général expérimenté, nous l’a bien fait comprendre. Nous irons au bout de nous-mêmes.
J’ai astiqué mon FAMAS comme jamais et rempli scrupuleusement chaque poche de ma tenue militaire. Même les simulations de sauvetages de blessés ont été réalisés avec détermination et efficacité.

C’est en fin de journée que nos unités de reconnaissance ont ramené les premiers prisonniers. « Schulze ! Tissier ! Au rapport ! » Le Dictateur leur a réservé un copieux accueil. Cependant, un moment d’inattention et ceux-ci tentent de s’évader, menottes aux poings. À l’heure où j’écris ces lignes, les traces de leurs coups enchaînés me font encore souffrir.

Pour clore cette première journée une permission nous a été donnée. Les nerfs étant à cran, une bagarre s’est déclarée qui a rapidement dégénéré en affrontement de gangs à l’arme blanche. Ça promet.

La bataille de la butte

Samedi 14 avril 2012

La journée a été rude. Le soldat Maillols nous l’avait pourtant annoncé, lui qui motive les troupes du haut de son vélo. Quand le Guerrier, ce général aussi féroce qu’efficace, a donné le départ, nous lui avons tous emboîté le pas en position dite de contact, armes chargées, prêtes au pire. C’est une vague kaki uniforme qui a déferlé en direction du rocher fortifié. Le choc aura lieu dans la forêt qui borde la forteresse.

Avancer. Sécuriser le lieu. Avancer toujours. Observer, ne rien laisser passer. À la vie, à la mort. Et ce froid qui vous cisaille les oreilles. Nous avons capturé des éclaireurs, mais toujours aucune trace du gros des forces ennemies quand finalement nous sommes arrivés au lieu-dit « la butte ».

Ils nous sont tombés dessus en un fracas soudain et assourdissant. Une embuscade terrible. Le combat s’est vite transformé en une guérilla où même nos prisonniers tentaient de se libérer de leurs chaînes. Dans cette confusion les armes blanches ont remplacé instantanément les FAMAS. Chacun se bat pour sa vie. Je vois des frères d’armes s’écrouler autour de moi, du sang partout, un œil arraché qui tombe, tombe, tombe…

C’est alors que la cavalerie aérienne arrive pour incendier tout ce qui bouge. Une nouvelle mission commence, celle de s’échapper de cet enfer le plus vite possible en évacuant les blessés tout en évitant ce feu grégeois qui se propage à vitesse grand V. Certains brancards s’enflamment, tout tourne autour de moi. Soudain nous sortons de la forêt. Enfin, de l’air.

Cette putain de guerre nous aura tous.

L’assaut de la forteresse

Dimanche 15 avril 2012

Déjà deux jours de souffrance. Une douleur qui nous rend plus vivants que jamais. Un nouveau jour se lève et notre première tâche est de rapatrier les corps de ceux tombés au combat la veille. La forteresse se dresse devant nous, droite, arrogante. L’ennemi s’y est retranché.

Une zone urbaine désertée nous sépare de la fortification. À force de carjacking nous sécurisons tout armement dans ce no man’s land. Enfin pas tout à fait, deux attaques surprises sont venus saper notre moral : une troupe de kamikazes qui s’était retranchée dans des toilettes, et des pilleurs qui ont tenté un abordage de notre colonne de ravitaillement. En vain.

Le champ est désormais libre pour l’assaut final, FAMAS au poing, 40 balles, ni plus ni moins. Vers la tombée de la nuit mon groupe tombe dans un traquenard où l’infériorité numérique s’ajoute à l’effet de surprise, pour notre plus grand désarroi. Une chute plus tard, désarmé, je me défends comme un diable usant d’un bâton de fortune qui ne fait pas long feu. Blessé, du sang dégoulinant de mes lèvres gercées, je suis fait prisonnier. Ils me prennent tout, même ma ration du jour avec le fameux rougail saucisses. Là tout s’embrouille dans ma tête. Quand je recouvre mes esprits, je me retrouve dans la jeep personnelle du Guerrier, du général. Ce dernier a le sourire aux lèvres.

La traque des fugitifs

Lundi 16 avril 2012

Ce devait être notre heure de gloire, de délivrance et de bombance, mais l’heure n’est pas encore à la fête. Le temps de reprendre notre souffle et le chef sanguinaire ennemi s’était déjà évaporé. Dès lors, la traque pouvait commencer.

Chant du coq, lever avant l’aube. La clameur des chants de guerre monte peu à peu du campement. « Quand j’ai décidé de faire du krav maga… » C’est notre façon à nous de nous réchauffer. Le commandement est donné au Chasseur, un général au sang-froid exemplaire. La piste est fraîche, nous avons tôt fait de les rattraper et de les acculer près d’un village, village rapidement pris en otage. Il s’agit d’être preste et efficace, de viser juste et bien, et de ne toucher aucun civil. Se servir de boucliers humains est totalement inacceptable ! Civils, rebelles, compagnons, le champ de bataille est un véritable chaos.

L’ordre est donné de baisser les canons pour utiliser nos boucliers. Le combat tourne à l’émeute désorganisée. Dans la bataille un premier coup me fait vaciller, puis un second m’entraîne à terre, une côte a dû céder. Je sens les coups de baïonnettes des AK-47 fendre l’air tout autour de moi. C’est une affaire de secondes désormais, mais un dernier rebelle, bien retranché et camouflé, se bat comme un diable et cause beaucoup de dégâts. Puis le silence se fait soudain. Je sais dès lors que nous avons triomphé.

Je vais bientôt refermer ce journal, mes frères m’attendent autour d’un bon repas. Je vois d’ici nos trophées de guerre qui témoignent de l’intensité de nos combats. Nous avons tous reçu une décoration de guerre, preuve de notre implication et de notre courage.

Plus rien ne sera comme avant.

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