Zenigata

quand les bananes se plaignent de leur régime

Sous le pont Mirabeau

Un autre poème dans ma besace, une œuvre magnifique qui donne l’impression de s’écouler quand on l’a lit, à défaut de savoir la chanter ; une complainte teintée de nostalgie qui évoque les amours emportées par le flot du temps. Soupir.

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
        Et nos amours
    Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

    Vienne la nuit sonne l’heure
    Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
        Tandis que sous
    Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

    Vienne la nuit sonne l’heure
    Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
        L’amour s’en va
    Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

    Vienne la nuit sonne l’heure
    Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
         Ni temps passé
    Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

    Vienne la nuit sonne l’heure
    Les jours s’en vont je demeure

Guillaume APOLINAIRE, Alcools (1912)

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