Zenigata

quand les bananes se plaignent de leur régime

Harmonie du soir

Ce poème vient régulièrement hanter mes pensées, imbriquant ses vers dans ma mémoire comme autant d’esquifs échoués et oubliés de mon bac de français. Outre sa dimension religieuse, c’est son atmosphère intimiste et mystique qui me séduit. Ce pseudo pantoum sublime l’instant crépusculaire avec notamment cet alexandrin délicieux : « Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige ».
Allons jeter un coup d’œil aux traductions et adaptations.

Harmonie du soir

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal (1857)

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